FAUT-IL ABANDONNER UN MANUSCRIT ?

FAUT-IL ABANDONNER UN MANUSCRIT ?
Le sujet de ce billet est dur : faut-il parfois abandonner un manuscrit ?

Je vous écris souvent de « ne rien lâcher », de continuer, d’écrire encore et toujours… Parce que je suis convaincue que les efforts finissent par payer, un jour ou l’autre. J’invite les auteurs à reprendre et reprendre leur(s) texte(s). Je reconnais être exigeante, parfois pour deux.

 

Cela étant, le culte de la persévérance n’est pas non plus une finalité. Persévérer dans le médiocre, l’ennui ou le déplaisir permanent n’a pas de sens.

 

Je n’aime pas l’idée d’abandonner un projet en général, parce que j’ai tendance à percevoir le projet comme le début d’une concrétisation d’un désir. En revanche, je suis pour le modifier, le reprendre, le laisser de côté un temps, l’envisager autrement. Parfois, on a eu trop d’ambition, et parfois pas assez. Dans tous les cas, aucune de nos décisions n’est figée.

 

Si l’on prend l’exemple de Pierre Lemaitre, qui a sorti il y a deux ans un vieux manuscrit retrouvé dans un placard, on constate qu’un projet que l’on pensait abandonné ne l’est pas vraiment. Et c’est ce que je vous encourage à faire.

 

Parfois, nous écrivons une centaine de pages et force est de constater qu’elles sont plates, creuses et sans grand intérêt. Mais elles n’ont pas servi à rien, car c’est souvent en faisant vraiment mal que l’on comprend ce qu’est le vraiment bien. Alors oui, on repart de zéro, de la fameuse feuille blanche. Et puis, au fil de cette nouvelle écriture, on se souvient de l’ancien manuscrit, et l’on se dit que l’on pourrait reprendre tel aspect et le retravailler… Ça, c’est intéressant. Le fameux « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

 

Donc oui, on peut abandonner un manuscrit. Mais pas jeter.

Et si on abandonne, c’est pour tenter autre chose. Quelque chose qui suscite notre désir.

 

Abandonner et ne plus rien écrire, c’est accorder une place trop grande à la désillusion et la laisser gagner, et cela, ça me pose un problème. Abandonner un projet en conscience et se retrousser les manches peu de temps après pour autre chose, ce n’est pas abandonner : c’est continuer d’essayer.

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