Les soubresauts de l'Académie Goncourt : entre prestige et controverses

Les soubresauts de l'Académie Goncourt : entre prestige et controverses
Actualité littéraire oblige, je vais parler aujourd’hui du fameux prix Goncourt. L'Académie Goncourt incarne un prestige indéniable, récompensant l'excellence littéraire depuis des générations. Des plumes illustres telles que Marcel Proust et Simone de Beauvoir ont été consacrées par ce prix. Pourtant, il existe une facette moins reluisante de ce prix tant convoité dont, rappelons-le, le vainqueur remporte 10 euros.

Le Goncourt, un accélérateur de ventes incontestable

 

Ce n'est un secret pour personne : remporter le Goncourt propulse les ventes d'un ouvrage dans des sphères stratosphériques. Bruno Caillet, de chez Madrigall, atteste d'une augmentation moyenne par sept des ventes post-Goncourt. L'anomalie, d'Hervé Le Tellier, en est un exemple éclatant (1 000 000 d’exemplaires vendus). Mais que cache cette réussite phénoménale ?

 

 

L'influence des maisons d'édition : stratégies et polémiques

 

La mainmise des grandes éditions sur le prix Goncourt n'est pas une nouveauté. Les années ont été jalonnées de stratégies éditoriales pointues et parfois de scandales retentissants, comme l'illustre l'affaire Bazin-Stil de 1977, mettant en doute l'intégrité même du jury (Hervé Bazin, président alors de l’Académie, aurait fait entrer l’éditeur André Stil de Grasset au jury contre l’obtention du prix Lénine… Et Stil votait toujours pour le livre de Grasset).

 

 

La domination « GalliGrasSeuil » : un monopole contesté

 

Les années quatre-vingt ont vu trois maisons – Gallimard, Grasset et Seuil – dominer le paysage littéraire, un monopole baptisé « GalliGrasSeuil ». Cela a entraîné son lot d'accusations de compromissions, ébranlant la crédibilité de ce prix séculaire. Tout ça se découvre, si vous souhaitez en savoir davantage, dans le récit de Guy Konopnicki, auteur de Prix littéraires, la grande magouille.

 

 

Les velléités de réforme de l'Académie

 

Dans un élan de réhabilitation, l'Académie Goncourt s'est lancée dans une série de réformes : limitation d'âge pour les jurés, interdiction des salariés d'éditeurs au sein du jury, et sous l'égide de Bernard Pivot, l'abolition du vote secret pour plus de transparence.

 

 

Les clivages au sein de l'Académie : un reflet des tensions actuelles

 

Des figures comme Virginie Despentes ont révélé au grand jour les fissures et les tensions au sein de l'Académie. En effet, dix jours après les attentats de Charlie Hebdo, l’auteure, récente membre de l’Académie Goncourt, écrit :

« J’ai été Charlie, le balayeur et le flic à l’entrée. J’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes (…) J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. »

Cela ne passe pas crème, surtout des années plus tard. Rappelons que l’une des victimes de Charlie, Philippe Labro, a d’ailleurs été sélectionnée par la suite pour le Goncourt.

Plus récemment, en 2021, l'affaire Camille Laurens a ravivé les interrogations sur l'impartialité des décisions du jury. En effet, Camille Laurens, membre de l’Académie, descend dans un article, paru dans Le Monde, La carte postale d’Anne Berest, en lice pour le Goncourt. Or on apprend peu de temps après que Camille Laurens est la campagne d’un autre auteur, également en lice pour le prix, François Noudelmann. Plus grave, on comprend ainsi que l’ensemble du jury était au courant de cette histoire et donc du conflit d’intérêts en jeu…

 

Bref, vous voilà un peu plus au fait sur ce prix qui n’a pas fini de faire parler de lui 😊

 

Pour conclure, voici un rappel des 4 finalistes du Goncourt 2023 : 

  • Jean-Baptiste Andrea, Veiller sur elle (L'Iconoclaste)
  • Gaspard Kœnig, Humus (L’Observatoire)
  • Éric Reinhardt, Sarah, Susanne et l'écrivain (Gallimard)
  • Neige Sinno, Triste tigre (P.O.L)

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