Déprime déprime

Déprime déprime
Cette semaine, je souhaiterais aborder un sujet, certes un peu tarte à la crème, néanmoins essentiel pour comprendre l’une des parties du monde de l’édition, à savoir le malaise des auteurs quant à la compréhension des règles du jeu.

Dans une vision simplifiée, voire caricaturale, le processus éditorial pourrait se résumer ainsi : 1) Des écrivains, novices ou expérimentés, rédigent des œuvres ; 2) Des éditeurs identifient les textes « de qualité » (sans entrer dans les détails de cette qualification) ; 3) Ces textes sont publiés, au grand bonheur des auteurs et des lecteurs.

 

Cependant, la réalité est bien plus complexe, plongeant les auteurs dans une confusion notable. Voici pourquoi :

  • Premièrement, comme souligné dans notre newsletter du 17 octobre, la "classe moyenne" des auteurs semble s'évaporer. En clair, les ventes moyennes de 8 000 exemplaires deviennent une rareté. Les auteurs se retrouvent soit dans le cercle restreint des best-sellers, avec des ventes exponentielles, soit relégués à des tirages modestes, entre 200 et 2 500 exemplaires. Cette situation réduit considérablement leurs revenus, faisant de l'écriture une activité quasi bénévole. Nombreux sont ceux qui, face à cette réalité, se voient contraints de reprendre un travail à temps partiel ou complet, regrettant amèrement leur éphémère succès.
  • Deuxièmement, le ballet incessant des mouvements professionnels au sein des maisons d'édition laisse les auteurs perplexes. Les départs et arrivées s'enchaînent, donnant l'impression d'assister à une interminable ronde des chaises musicales. Cette instabilité soulève des interrogations légitimes : un éditeur change-t-il de vision éditoriale à chaque mutation professionnelle ? Emporte-t-il ses auteurs dans ses bagages ? Si tel est le cas, quel est le véritable poids d'une ligne éditoriale ?
  • Enfin, nous observons une montée du désarroi chez les auteurs qui se tournent vers nous, les agents, dans l'espoir de trouver des réponses ou des solutions à leur situation. Malheureusement, le modèle français diffère de celui anglo-saxon, et un agent littéraire ne détient pas le pouvoir d'imposer la publication d'une œuvre. Au mieux, nous pouvons influencer certains aspects du processus éditorial, mais sans garantie de succès. Cette réalité, couplée aux autres facteurs mentionnés, conduit à une désillusion profonde chez de nombreux écrivains.

 

J’aurais souhaité conclure ce billet avec une touche de solution, ou une proposition. Mais à ce jour, rien ne me vient. Je suis uniquement dans le constat d’une grande lassitude chez nos amis écrivains. Je garde espoir que la roue tourne.

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