Certaines pensées ne se démoderont jamais
Petit rappel pour celles et ceux dont les années lycée remontent : Michel de Montaigne était un philosophe et essayiste du XVIe siècle, auteur notamment des Essais, ouvrage fondamental ayant influencé les plus grands philosophes et écrivains (Shakespeare, Descartes, Proust et tant d’autres). Vous avez sûrement entendu sa célèbre réplique au sujet de son amitié avec La Boétie : « Parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Il a, par ailleurs, joué un rôle important dans la fonction publique, notamment en tant que conseiller de la ville de Bordeaux. Voilà pour la minute professorale.
Vendredi dernier, soit le 2 juin 2023, un exemplaire unique au monde, celui des Essais, annoté par Montaigne lui-même, a été présenté à la bibliothèque municipale de Bordeaux. Ce manuscrit, si unique, si beau, en parfait état, vient d’être inscrit, il y a deux semaines, au patrimoine mondial de l’Unesco. Petit clin d’œil, la dernière annotation de l’auteur au dos du manuscrit n’est rien d’autre que la célèbre maxime : « Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul. »
Il y a un an tout pile, en juin 2022, Montaigne ouvrait déjà la saison des beaux jours. En effet, une jeune chercheuse du CNRS entamait des recherches (sans rapport avec Montaigne) et dépouillait des actes notariés du XVIe siècle aux archives départementales de la Gironde, quand elle tomba sur un paquet fermé avec une couture en fil, comme cela était d’usage à l’époque. Elle reconnaît tout de suite l’écriture du philosophe et raconte, dans divers articles de presse, l’intimidation, l’excitation et la surprise que provoque une telle découverte (mais quel bonheur de vivre ça dans une vie !).
Il est captivant de voir combien des écrits du XVIe siècle continuent d’exercer une telle influence sur notre pensée, et il me semble que l’objet livre, vieux de plusieurs siècles, annoté par l’auteur, est un trésor inestimable.
Ce samedi, je suis allée avec enfants et conjoint au salon des livres rares, à Paris, Saint-Sulpice. Je suis fascinée par ces objets et je ne cache pas mon désir d’entamer une collection. Si certains sont intéressés, sachez qu’il s’agit d’un marché de culture, de beauté, sans faux, sans spéculation, offrant des plus-values inestimables (parfois plus de 4 000 points de plus-value) pour qui sait faire preuve de très grande patience.
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