La querelle
Tout d’abord, cette discorde n’est vraie qu’en partie. La plupart des agents s’entendent bien avec la plupart des éditeurs, et réciproquement. Il n’y a pas de problème de personne à personne, mais plutôt d’intérêts similaires.
En effet, un éditeur joue véritablement son rôle au moment où il fait le choix de transformer un manuscrit en livre broché. En revanche, quand il permet, par le jeu des cessions de droits, à un livre broché d’exister par la suite en poche, en espagnol ou adaptation scénaristique, il n’est plus éditeur, mais un intermédiaire, une sorte d’apporteur d’affaires.
L’agent, lui, n’édite jamais. Mais, tout comme l’éditeur, il s’occupe également de gérer les droits des auteurs sur leur(s) texte(s), dans l’intérêt, non plus de l’éditeur et de l’auteur, mais de l’auteur seul. L’agent peut donc aboutir à une traduction ou à une adaptation cinématographique, tout comme l’éditeur.
De ce fait, on peut simplifier en avançant qu’à peu de chose près, éditeur et agent ont une large majorité de leur métier en commun. Si ce n’est que l’éditeur se charge par la suite de la promotion, distribution et diffusion…
Vous l’aurez compris, il y a donc un conflit d’intérêts sur grosso modo, une large palette des droits d’auteur.
À titre personnel, je ne pense pas que TOUS les auteurs devraient confier la gestion de leurs droits aux agents. Il est certain que les commissions d’agents sont nettement moins élevées que les « commissions » des éditeurs, mais cela ne veut pas dire pour autant que les éditeurs vont trop loin et trop fort. SI céder l’ensemble de ses droits à un éditeur « coûte » plus cher que de les céder à un agent, alors il faut que l’éditeur offre des services que l’agent ne peut pas offrir, et de façon rapide. Un service 5 étoiles.
Nous savons que le pouvoir revient davantage chaque jour aux auteurs, et c’est une bonne chose. Nombreux d’auteurs, aux chiffres de vente conséquents, fondent leur propre maison d’édition, s’autoéditent. À terme, ce sont donc les auteurs qui peuvent changer les rapports de pouvoir entre agents et éditeurs. S’ils décident de rester, pour une grande part, dans le rapport traditionnel de l’édition, alors les agents littéraires n’exploseront jamais en France. Mais si les auteurs décident, comme tant d’autres artistes, de se faire représenter, sans rien lâcher, alors une bascule s’opérera.
Les auteurs prennent certes des décisions en vertu de critères financiers, mais pas seulement. La qualité de la relation, du travail éditorial, et de la promotion font également partie des critères qu’ils valorisent. Et ce sont sur ces quatre piliers que vont se dessiner les collaborations des publications littéraires de demain.
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